Théa Karrer

Titre:

Le SAMU national sénégalais : Revue rétrospective des données pédiatriques informatisées 2021 – 2022 et étude observationnelle. Karrer T, Pr Gehri M, Pr Thiongane A, Dr Diba AF, Pr Béye MD, Pr Ndiaye O.

CHUV- HEL – Lausanne/ Suisse et CHNEAR – Dakar/ Sénégal

RESUME

Introduction :

Les SAMU (Service d’Assistance Médicale et d’Urgence) sont des structures permettant de gérer l’assistance pré-hospitalière (dans la rue, au domicile, sur le lieu de travail, etc…) aux victimes d’accidents ou d’affections soudaines en état critique. Un médecin urgentiste régule les ressources de soins urgents, engage une équipe spécialisée et/ou oriente les patients vers les services les plus adaptés à leurs situations. Les SAMU incluent également des services mobiles d’urgences (équipes soignantes, ambulances, …).

Le Sénégal est l’un des 3 pays africains à disposer d’un tel dispositif, yc pédiatrique, justifié par la fréquence des situations urgentes et graves chez les enfants et la pyramides des âges caractéristiques des pays africains. 

L’objectif de cette étude est d’analyser les caractéristiques épidémiologiques des prises en charge pédiatriques du SAMU national de Dakar. 

Matériel et Méthodes:

Le SAMU national de Dakar est actif 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Crée en 2005, il répond au numéro d’appel gratuit 1515 qui relie tous les appels au quartier général situé à Dakar  depuis 2021. Les Permanences Auxiliaires de Régulation Médicale (PARM) répondent aux appels, colligent les données administratives et de localisation, puis transmettent l’appel au médecin régulateur urgentiste qui décidera de la suite de la prise en charge en fonction du degré d’urgence et du type de demande. Les données administratives du patient sont toutes enregistrées, l’utilisation de la téléphonie par messagerie internet se faisant sans enregistrement systématique. Le nombre d’appels est d’env 300/jour; le SAMU dispose de 9 ambulances et d’un médecin urgentiste disponible 24/24 accompagné d’un chauffeur et d’une équipe paramédicale formée à l’urgence.

Etude rétrospective (juin 2021 à juin 2022) de la base de données pédiatrique (Dakar et environs proches) et étude observationnelle de terrain au SAMU national de Dakar (août 2022). Les données récoltées comprennent diverses variables épidémiologiques (sexe, âge, heure et jour de l’appel, motif de l’appel, type de prise en charge et de transport, …).

RESULTATS: 

327 appels pédiatriques colligés La période de la journée pendant laquelle l’afflux est la plus haute est celle de l’après-midi (12h-17h, 37%). La prise en charge prioritaire est la recherche de place (55%) et secondairement des transports (19%). Ceux-ci sont souvent médicalisés (55%), mais 34% n’aboutissent pas (absence de place disponible). Les appelants sont des médecins (51%) et des sages-femmes (23%) essentiellement; les appels  sont majoritairement issus des Centres de Santé (38%), du domicile (23%) ou d’EPS (19%). Sur les 327 patients inclus, 57 % sont de sexe masculin. La tranche d’âge la plus représentée est celle des nouveau-nés (55%), puis des 6- 18 ans (28%), des nourrissons (9%) et enfin des 1-5 ans (8%). Les motifs de consultations sont majoritairement des urgences de néonatalogie nécessitant un transport vers une structure spécialisée (187/327, 57%); les autres motifs concernent 17 réanimations (5 %)), 10 détresses respiratoires (3%), 22 traumas (7 %), … Les observations et entretiens relèvent surtout la nécessité d’optimiser les collaborations entre les diverses structures de santé disponibles ainsi que la mobilisation coordonnée des acteurs tels que police, sapeurs-pompiers, …

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS:

Le SAMU national joue un rôle crucial dans la fourniture de soins médicaux d’urgence. Comme beaucoup d’autres centrales du même type, le pic d’activité est atteint en fin d’après-midi/début de soirée. Les motifs d’appel ainsi que les tranches d’âge récoltées dans ce travail sont en adéquation avec l’épidémiologie des principaux problèmes de santé rencontrés dans le pays. L’immense majorité des sollicitations concerne ainsi les nouveaux-nés et nourrissons, ce qui est en corrélation avec les priorités dégagées de santé publique du pays. Les interventions directes (soins, réanimations) étant minoritaires, l’activité principale demeure la recherche de places de prise en charge dont la finalité est encore trop souvent infructueuse. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer : difficulté d’accès, manque de disponibilité de véhicules, circulation routière, appels tardifs et un manque de ressources en personnel au SAMU.

Le développement des activités du SAMU national aussi bien en termes d’amélioration de la performance que de couverture pré-hospitalière dans le pays justifie pleinement son implantation au Sénégal, aussi bien à Dakar qu’à l’intérieur du pays.  Pour une optimisation du SAMU, il est primordial d’intensifier la collaboration entre les diverses structures concernées par l’urgence sanitaire: sapeurs-pompiers, urgentistes, corps de police et réseaux hospitaliers. De même, une délégation de certaines missions, actuellement attribuées au SAMU national (comme les conseils téléphoniques ou les consultations à domicile) permettrait de mieux centrer son activité sur l’urgence vitale.  

Mots clés: urgence, système de santé pré- hospitalier, afrique, pédiatrie

 

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